L’arrivée au Canada est tout de même dépaysante : Adieu les mesures à l’anglaise, on repasse en comptage métrique, ce qui demande un peu de concentration pour être honnête, mais ça n’est pas plus mal. Quoi qu’après trois mois, on s’habitue plutôt rapidement au système des miles mais les Fahrenheit, c’est un tout autre niveau dont je n’ai pas encore percé l’origine… Le principal inconvenant c'est qu'on quitte aussi le système du gallon pour repasser au litre et croyez-moi, question essence, on était heureux de pouvoir remplir le réservoir pour deux fois moins cher…


Il faut aussi réhabituer notre cerveau à parler français dans les lieux publics, ce qui n’est pas une mince affaire non plus, surtout que quand il faut dialoguer avec des québécois, l’anglais semble plus compréhensible. Et oui, nous sommes sur le territoire de la langue de Molière et il est assez difficile de ne pas sourire lorsqu’on entend le patois du coin. Sur la route les stops sont devenus des « arrêts », on boit des « breuvages » et on commande du « maïs éclaté » au cinéma et non du pop-corn.


Mais attendez un peu d’écouter la radio, et vous comprendrez pourquoi Céline Dion fait partie des légendes de la musique Québécoise ! Croyez-moi, il est préférable que les dieux du Hockey s’en tiennent à la fabrication du sirop d’érable plutôt qu’à la chanson … Une chose est sure, si jamais vous vous sentez un petit coup de déprime un de ces quatre, écoutez du rap Québécois et vous retrouverez le sourire en moins de deux !



Notre arrivée au Canada s’est aussi faite remarquée sur un autre point : le froid ! Pendant notre Road Trip, de chaque Américain que nous rencontrions et à qui nous racontions notre projet « conduire jusqu’au Canada », tous étaient surpris par cette folie de passer un hiver chez leurs voisins bucherons. Ce qui, cela dit, n’est pas plus étrange que des Sudistes qui iraient visiter le Nord pas de calais … Car oui, pour les Américains du sud, le Canada c’est le Grand Nord, avec un grand « G », où l’hiver dure pendant 6 mois, les enfants vont à l’école en luge, portent des toques en cul de castor et les températures je vous laisse imaginer. Vous trouvez ça cliché ? Pas plus que le Frenchie en marinière avec sa baguette de pain sous le bras et son béret. Soyons honnêtes, il y a une part de vrai dans tout ça. Même mon propre père ne serait pas capable de survivre dans un monde sans ce miracle culinaire qu’est la sainte baguette.


Pour en revenir à nos castors, certains clichés du Canada sont bel et bien réels et celui qui remporte la première place n’est ni plus, ni moins : Le froid ! Depuis notre passage chaotique à la frontière, nous n’avons pas eu des températures supérieures à 10 degrés Celsius et nous sommes début octobre. N’étions-nous pas censé découvrir les joies de l’été indien ? Remarque, peut être que pour les Canadiens, 10 degrés c’est plutôt chaud… En tout cas, nous n’avons encore croisés personne avec des toques en castors, cliché ou réalité ? Affaire à suivre !



Nous n'aurons passés qu'une dizaine de jours entourés de québécois, mais puisque nous sommes dans les Clichés, nous voulions vous faire partager les quelques expressions locales qui nous ont fait sourire pendant ces quelques jours.

Lorsqu'on analyse un peu la « langue de Molière », on s'aperçoit rapidement qu’ils parlent en fran-glais. Non seulement ils utilisent des mots anglais au milieu des phrases avec un accent tellement Américain que nous autres, pauvres Français, nous passons pour de véritables quiches, mais en plus, ils utilisent des mots anglais traduits littéralement en Français.

Si vous n’avez rien compris à ce charabia, regarder plutôt cet exemple qui prend tout son sens : La barre oblique, que nous connaissons mieux sous le nom de Slash n’est autre que la preuve que finalement, tout bon français parle un peu plus anglais qu’il ne pensait !

Autre exemple du Québécois : les feux tricolores. En anglais, le mot approprié est « light » donc au Québec, on dit des « lumières », logique ! Le selfie qui vient de self « soi-même » est au Québec un « égo-portrait ». J'admets que 'portrait de soi' serait une meilleure traduction littérale mais finalement égo-portrait est plutôt bien choisi puisque ce qui compte c'est d'avoir notre grosse tête au milieu de la photo car le paysage on s'en fou. 


Globalement, le vocabulaire québécois est, vous l’aurez compris, plutôt adorable et surprenant. Attendez de connaitre les insultes locales. Originaire de la religion catholique qui avait une forte influence sur la société quelques siècles plus tôt, les jurons ou plutôt les « sacres » en québécois, portent bien leurs noms puisqu’il n’y a rien de plus insultant que de se faire traiter de tabernacle, de calice ou de vieille Ostie. Toujours aussi original cette langue cousine.


Puis quand tu crois que ça y est, tu comprends comment le Québécois fonctionne, tu apprends que le petit déjeuner c’est le déjeuner ; le déjeuner, le diner et le diner, le souper, tu commences amèrement à regretter l’anglais, qui était quand même vachement moins prise de tête !


Est-ce que le mec qui a inventé cette langue avait un souci cérébral dû à une surconsommation de sirop d’érable où de poutine ? Nous ne le saurons sans doute jamais !