Quand on s’apprête à passer tout un hiver Canadien, et j’insiste sur le Canadien, car oui, il est différent de l’hiver Français. Il ne dure pas trois mois comme une saison officielle mais six, et représente donc à lui seul, la moitié d’une année.


Alors oui, six mois d’hiver ça veut aussi dire six mois de raclettes, de fondues, de ski ect… Oui mais non ! Premièrement parce que le fromage ça coute un bras ! Certes, les Québécois ont un historique français qui coule dans leur veines, mais malheureusement, ils ont complètement zappé de prendre l’option « fromage » dans leur ADN. Pas de panique, ils ont quand même la notion de fondue et de raclette, seulement, leur version est un peu plus « exotique » : les viandes d’orignal ou d’ours sont les stars de ce types de plats, accompagnés d’un peu de fromage fondu afin d’assurer un repas riche en calories ! Dans un pays où il fait facilement -20°c, ça se comprend ! Le pays de la neige et du froid, pour sûr, mais du ski, un peu moins. Malheureusement pour nous, le Québec est aussi vallonné que Montmartre…


Quand on s’apprête à vivre un de ces hivers Canadiens, au milieu d’une contrée isolée du Québec, où le premier village est à trois quart d’heure de route, que la dite route est en faite un chemin où même le facteur n’ose s’aventurer, autant dire que le temps risque parfois de nous paraître long.


Fort heureusement, un couple de voisins vient nous rendre visite tous les jours, ce qui développe un peu plus nos relations sociales. Très sympathiques, ils viennent chercher du pain quotidiennement et toquent à la fenêtre pour nous indiquer qu’ils nous attendent. Certes, il s'agit d’un couple de mésangeais du Canada, des oiseaux de taille moyenne, nichant dans les arbres aux alentours, mais après les chiens, ce sont nos plus fidèles compagnons. D’ici la fin de l’hiver, nous serons aussi calés que Robert Redford et ses murmures à l’oreille des chevaux !


Vous l’aurez compris, ce n’est pas toujours facile de rester humain dans un monde où la Nature reprend ses droits. Notre comportement est plus proche de nos compagnons à plumes qui cachent leur bout de pain dans la forêt : nous aussi, nous stockons nos provisions pour l’hiver, mais dans les cinq congélateurs de la maison, car les courses en ville auront lieu toutes les cinq semaines environ. Eh oui, quand il faut faire presque cinq heures de route aller-retour pour aller remplir le frigo, on est content de ne pas y aller toutes les semaines !


Notre régime hivernal ne sera donc pas composé de fruits et légumes frais, mots qui semblent presque étranger pour notre hôte Stan, pour qui l’ail, les oignons et les pommes de terre sont les seuls nécessaires. Bon en même temps, les légumes c’est bon pour la ligne, mais quand on vit au Canada, plus la couche de graisse est importante, plus tu es apte à survivre à l’hiver ! Adieu le régime végétarien, et bonjour la viande et les féculents presque trois fois par jours. Il faut que nous nous construisions une bonne sous-couche de graisse, car même si l’on est à peine fin Novembre, nous avons déjà des jolis -15°c et le lac est entièrement gelé.


Mais pas de panique, nous ne devrions pas finir l’hiver aussi gras que des Kouign amann. Mine de rien, on se dépense un peu : Nous entrainons les chiens à raison de quatre fois par semaine, en fonction de la météo. Certes, ce sont les chiens qui courent et font le plus d’exercice dans l’histoire, mais les atteler peut parfois être plus physique que ce que l’on pense, surtout lorsqu’une boule de nerfs de quarante kilos de muscles débordante d’énergie ne peut absolument pas se contrôler. Tu te retrouves à mettre un harnais à l’aveugle et à te prendre des coups de tête si tu t’avise de te mettre à sa hauteur pour te faciliter la tâche. L’avantage, c’est que ce genre de chien est le meilleur remède contre le froid ! Même par -10°c tu peux être sûr de transpirer autant qu’en Floride !


Puis vint le jour où tu te retrouves dans l’un des plus grand clichés Québécois. Après quelques jours de neige et de vent, nous avons eu la mauvaise surprise de s’être fait coupé le chemin par des sapins qui n’ont pas survécu au choc du début de l’hiver (R.I.P). C’est alors, que nous avons eu une belle démonstration du sport national du pays : le bûcheronnage ! Accompagné de son fidèle destrier à quatre roues motrices, vêtu de sa plus belle chemise à carreaux et brandissant sa fidèle tronçonneuse, LE Canadien est arrivé. Un peu moins fun pour nous, qui avions la tâche de débarrasser le chemin des morceaux de sapin fraîchement coupés pour, mais on sentait la fierté se dégager de notre voisin venu nous porter secours.  


La vie dans un endroit reculé comme nous sommes, c’est savoir se contenter de choses simples et surprenantes qui ne nous seraient jamais arrivé dans la civilisation. Quoi de plus improbable que de partir en soirée, (car oui, nous avons quand même quelques amis bipèdes avec qui nous faisons quelques fiestas) en s’emmitouflant dans des couches de fringues plutôt que dans sa plus belle tenue, car il faut vaincre le froid et faire quelques kilomètres en quad ou motoneige dans le blizzard et les rafales de neige ?


Maintenant que vous savez un peu plus ce que l’on vit au quotidien, il est temps pour les loups solitaires que nous sommes, de retourner dans notre tanière !


Bon hibernage !