Le mois d'avril aura été pour nous un retour au positif. Après un hiver assez désagréable en terme de qualité de vie, le changement à Kanatha-Aki fut une véritable vague de fraîcheur, si bien qu'on aurait voulu que l'hiver dure pour toujours (oui bon, j'exagère peut être légèrement). Les journées sont longues, le soleil chauffe la couenne et même s'il ne fait que zéro sur le thermomètre, c'est t-shirt et lunettes de soleil qui sont de la partie. Travailler dehors est un plaisir incontestable. On sort en traîneau tous les jours pour s'amuser, on se dore la pilule avec la meute de quatre vingt chiens ; en bref, on apprécie la vie à son état brut. Certes, nous sommes au printemps et cela semble tout à fait ordinaire, mais lorsque ce sont toujours des quantités astronomiques de neige qui font partie du décor quotidien et que la terre ferme n'est toujours pas visible, c'est relativement étrange de penser que la nouvelle saison a belle et bien commencé.


Nous voulions connaître un hiver blanc et avoir de la neige jusqu'au cou, eh bien nous avons été servi ! Toutefois, après plus de cinq mois enseveli, on aimerait bien que tout disparaisse en un claquement de doigt. Mais cela serait trop beau, que d'avoir l'argent du beurre, le beurre et la crémière ; et même si la chaleur s'est déjà pointé depuis un moment en France, ici c'est seulement mi Avril que nous avons pu ressentir la nouvelle saison. On reste toutefois loin du claquement de doigt pour faire disparaître « l'ostie d'marde blanche » comme l'appellent les Québécois, mais tout a changé presque radicalement dès lors que les nuits n’atteignirent plus que quelques degrés en négatif. Le top départ de la fonte est lancé et son lot de dégât naturel avec : la route pour aller travailler au centre devient impossible a franchir en voiture tant la route est gorgée de soupe et de trous d'eau. Sur place, on patauge dans l'eau et des rivières et torrents apparaissent en l'espace de quelques heures condamnant les chemins. Les blocs de glace formés sur les toit se détachent et tombent en fracas sur le sol. Nous avons eu droit, un soir, à ce phénomène qui nous surpris, surtout lorsqu'on s’aperçut que le bloc de plusieurs centaines de kilogrammes avait brutalement plié le mur en retombant... Plus tard, c'est même la plupart des points d'eau du Québec qui déborderont pour laisser place à des inondations incroyables tant la quantité de neige tombé cet hiver aura été abondante. Bref, au Québec, l'image que nous avions du printemps avec les oiseaux qui gazouillent, les arbres qui fleurissent et les papillons qui volent est aussi irréel qu'un monde où les licornes vomissent des arc-en-ciel !


C'est donc avec la venue de ce joli printemps et de ses conséquences, que nous avons décidé de quitter Kanatha-Aki. fermant ces portes au tourisme pendant le mois de déluge naturel, la construction du centre dans une sorte de cuve rend les inondations et débordements de lacs inévitable. Le centre de chien de traîneau sera alors enseveli sous les eaux tel la cité perdue d'Atlantis jusqu'à la fin du mois de mai. Sachant que nos plans futurs n'implique en rien de se transformer en sirène, nous nous rendons en Terre Sèche, chez l'un des guides de chien de traîneau, Jay. En Wwoofing chez lui pour plusieurs jours, nous l'aidons à faire quelques travaux dans la grande propriété qu'il s'est procuré il y a peu avec son compagnon.


Désormais plus au Sud, la fonte déjà bien entamée nous permet de rouler sur des routes sèches et de revoir enfin la couleur de la Terre Mère (Amen!). On est encore loin de l'herbe verte et des arbres feuillu mais c'est un bon début. Nous nous occupons donc des chiens de Jay au nombre de douze, de couper des branches de pin, de préparer des semences, de faire à manger et aider à leur installation dans la nouvelle maison, le tout dans une immense propriété où la biodiversité est omniprésente entre érablière, lacs à castor, passages de cervidés et j'en passe.


Nous enrichissons donc notre savoir sur la faune et la flore du Québec, le tout jusqu'à la fin du mois d'Avril, après quoi nous filerons pour de nouvelles aventures avec Bastien, un copain de Grenoble qui nous rejoint pour un Road Trip à travers la Gaspésie !